LA PARENTHESE 1

LA PARENTHESE 1

Toute cette poussière et un chemin qui a perdu ses pieds

Voilà bien l’image d’un faux-bois

Que l’intacte beauté se refuse à reconnaître

Et moi

Vagabond couvert d’une naturelle pigmentation

Comme bien d’autres

J’ai sous l’écorce la même sève qui ne demande qu’à circuler librement

La lune est grosse

Il faut la laisser accoucher son naturel

Sur ses draps froissés par le vent qui l’a roulé d’un flanc de la colline à l’autre

Elle a maculé les rayures de cotonnade

Du ru de son ventre alpage

Ouvert à tous les passages de l’étoile de son berger

Laissant les brins de son gazon

En quête de myosotis se laisser faire des tresses

Pour tremper le rivage des muscs apportés par la marée montante

Et ne plus voir que la course du ciel

La nuque au coussin d’un nuage atterri

Tirer l’aiguille dans la dentelle des branches

Sous la jupe des feuilles

Pendant qu’à lever la voile au mas des oliviers

Cette double envolée de colombes

Dégrafe la cage du poitrail

D’une seule respiration

Sautant entre les cordes des talons frappant le sol

L’échine violoncelle

Âme grande ouverte aux râles de l’archet

Du m’aime ancestral cri

Qui fendit la gangue au triangle de la poésie

A porter au plus loin le fruit du noyau

Par l’intime poussée créatrice…

Alain Niala

2014

P1030804

La Parenthèse 1 (Série Entre Mais et Si On…) 2014 – Niala – Acrylique s/toile 55×46

VISITEURS AUX PORTES DU JARDIN

VISITEURS AUX PORTES DU JARDIN

Pareils à ces arbres qui voyagent dans les textes
ils se mettent en marche à la lueur des amandiers
pressés d’atteindre l’eau qui flambe
depuis un millénaire
dans un village en mal d’oiseaux
et qui à contre-orage repart à vide.
Visiteurs aux portes du Jardin
leur cercle s’élargit
comme des chats miroitants
que dessine la peur sur les murs
des cathédrales abandonnées.

Toujours la même ligne infranchissable
toujours la même errance le même mort
la même griffe la même blessure
une botte sur le cœur
et cette lune qu’ils tiennent serrée entre les dents
et ce soleil qu’ils renversent dans une tasse de sang
pour lire l’avenir
tandis que leurs yeux de liège continuent
d’étayer le dernier rempart.

De quel eucalyptus sont-ils originaires ?
de qui sont-ils la quête
la traversée le songe ?
Flûtes traversières
ils se saoulent d’eux-mêmes
et s’étalent semblables à des algues.

Visiteurs
ils s’envolent et redeviennent la Ville
crépusculaire ou étoilée
puis ils écrivent leur nom
sur un quignon de pain
ou l’écorce d’une mandarine
en attendant un renfort de lauriers-roses.

Nohad Salameh

 

A2-Niala 23

Printemps – 1997 – Niala – Acrylique s/contrecollé 65×50

De quel incendie pourrai-je espérer renaître à vouloir porter l’essence de la sève sous l’écorce d’un pouls battant sous les déserts. Elever un sentiment à ne jamais enterrer sa foi, cela ne dépasse-t-il pas le poids autorisé ? Cet amour pourrait bien finir par immoler ta couleur en écrasant ton innocence une dernière fois, me menace la raison. Mots roides de glace, acérés comme des poignards qui ne sortiraient pas davantage la fémorale du risque de l’exsangue où la maladie d’amour plonge.

Alain Niala – 6 Mars 2017

LE PEINTRE HABITE

LE PEINTRE HABITE

Saurai-je dire ce tableau, le parler dans tout son silence ?

Il est ce Tout que je voulus mettre en mots-peints.

C’est d’abord inconsciemment, puis avec de plus en plus de netteté, sentir mon esprit s’imprégner d’une réflexion en état de germination . L’intime, le secret de l’être se  retrouvent face à la fenêtre.du présent, regardant passer des bouffées de vie, dans des rues de bien des événements. La pâte picturale les a massé, désireuse d’atteindre la 3° dimension. Celle qui viendrait conclure par un acte en quelque sorte testamentaire. Pour transmettre sans adresse un rêve à poursuivre

Les gens du voyage dont je suis, croisent des arbres rouges aux veines nourricières faites de petits chemins, flottant à bord des rus, pour joindre le dos des fleuves. Croisant des roulottes où les chevaux sont basanés, les filles sauvages et les garçons fiers, on voit les maisons passer sur des nuages, percés de fenêtres à l’orée des forêts rousses d’écureuils. Rien n’est anormal, excepté ce qui tient debout au quotidien. Le Centre, est dans l’Estuaire.

Monologue à deux voix, le coeur et l’âme en tête-à-tête se projettent les paysages d’un amour insensé, n’obéissant à aucune des règles de la raison qui parle de possible en mots de néant. Vigoureux comme un rejet qui part du pied du tronc, frêle comme une herbe se foutant pas mal des géants de tous poils; qui n’a rien à cirer de la majesté de la race, seulement besoin d’aller donner sa sève à la vie.

Enfant hors d’âge. Innocent comme un simple d’esprit que le soleil habite de l’intérieur.

Que fais-je ici, dans un monde qui s’acharne à ne pas être le mien par défaut d’humanité ?

Depuis le temps que mes billes roulent dans les cours de mes écoles, j’ai appris que la case prison existe dans tous les jeux. Si bien que je m’en suis libéré par quête d’Absolu. D’où ces refus de porter du noir à mes lèvres quand la mort viens trop près. Il faut que je vole d’une toile à l’autre avec mes mots de couleur. Du Bleu rien que du Bleu

Que fais-je ici ? Mais rien d’autre qu’aimer en dépit de tout ce qui le contredit, de l’Amoureuse plein la musette, des yeux bleus au travers la coupole, mon institut c’est sa beauté intérieure, ses pattes d’oies autour du torse c’est mon capitole retraite, le Paul avec l’Eluard, grimpant les escaliers des arcs-en-ciel, sans mes soufflets du quotidien, à tirer le Char sans harnais en vue du Roberto Juarroz vertical..

« Ici, la nature était une chose sauvage, effroyable, et pourtant belle. Je regardais avec une crainte mêlée d’admiration le sol sur lequel je marchais pour observer la forme, le matériau et le travail des Puissances. C’était là, cette terre dont on nous a parlé, faite de chaos et de ténèbres. Ici, nul jardin pour l’homme, mais le globe intact. Ni pelouse, ni pâture, ni prairie, ni bois, ni pré, ni terre labourée, ni friche, c’était la surface fraîche et naturelle de la planète terre, telle qu’elle fut faite pour l’éternité des temps afin d’être, croyons nous, la demeure de l’homme. Ainsi la nature l’a conçue et ainsi l’homme en use, s’il le peut. Mais il n’a pas été crée pour lui être associé. C’était une matière vaste et terrifiante (Et non la Terre mère), elle n’était pas faite pour qu’on y marche et pour qu’on y soit enterré. Non, ce serait encore se montrer trop familier que de laisser ses os y reposer. Si c’était une demeure, c’était celle de la nécessité et du destin. On pouvait clairement sentir à cet endroit la présence d’une force qui n’était pas tenue de se montrer bienveillante envers l’homme. C’était un lieu de paganisme et de rites superstitieux destiné à des êtres plus proches des rochers et des bêtes sauvages que nous le sommes…Que sont les myriades d’objets singuliers d’un musée auprès de la surface d’une étoile, auprès de quelque objet dur dans sa gangue ? Je suis là et je regarde avec respect mon corps; cette matière à laquelle je suis lié me semble maintenant tellement étrange. Je ne crains pas les esprits, les fantômes (j’en suis un), comme pourrait le faire mon corps, je crains les corps, je tremble d’en rencontrer. Qu’est ce que ce Titan qui me possède ? Parlons des mystères! Pensons à notre vie dans la nature, dont nous voyons la matière et avec laquelle nous sommes en contact chaque jour! Rocs, arbres, souffle du vent sur nos jours! La terre solide! Le monde réel! Le sens commun! En contact, en contact! Qui sommes-nous? Où sommes-nous?»

Henry David Thoreau, Ktaadn.

J’ai l’amour chevillé au corps et ne suis qu’un sauvage qui cultive le bonheur par irrigation de larmes. Rien d’autre qu’un passant qui s’attarde au bord de la voix des arbres à méditer les paroles du vent dans les feuilles. Savoir que je ne laisserai rien de moi donne plus que de la prospérité au présent quotidien. Non de mon Âme je n’efface rien de ce qui s’est inscrit en son creux

Alain Niala – 5 Mars 2017

le-peintre-habite-2010-niala-2-002

 Le Peintre Habité – 2010 – Niala – Acrylique s/toile 55×46

UN ALLER SIMPLE SANS RETOUR POUR LA POESIE

UN ALLER SIMPLE SANS RETOUR

POUR LA POESIE



Le branle tête au pré de tes seins alpages

sans rien qui dérange le trait durci du tétin

m’écrit avec sa craie sanguine

l’histoire de l’aisselle qui repousse pas le palais dans l’impasse

La voie royale du quotidien

Ils disent je t’aime avec tant de haine que ma voix tremble rien qu’à vouloir panser ces trois mots

pourtant c’est pas que dire « je t »aime »

que je murmure en un m’aime cri

à se ronger les ongles à l’indifférence

garant ses grosses bagnoles sur le trottoir avec l’idée de se regagner

la place du SDF cette insulte aux chromes.

Je t’ai dit le tant des fleurs aux carreaux de mes tabliers

quand buissonnant les trains qui se croisent à côté des robinets secs

j’hâlais aux lés aux lés remorquer les chalands au long de la Seine

A quoi ça m’a servi

à qui ça n’a pas profité ?

Puisque le combat d’un idéal

c’est pas d’être élu mais de voter je t’en ai rien caché de tout ça

te mettant à poil la condition humaine

ses hauts-fourneaux colonne vent dôme, terrils de lapin,

filatures pieds et nique-les air tétées front populaire

pose-toi là Petite-Môme

j’ai ma bouée

tu m’fais l’oeil tout humide tant le soleil gîte dans tes fenêtres

au point d’être retourné de sentiments

oh non

pas à cause de tes revenus ni de ton joli minois,

j’aime rien des grosses

non rien qu’à cause de toutes tes gourances du croyant bien faire

que t’as accumulée sans lésiner

Faut dire que les instruits par coeur

c’est les pires

ils possèdent que de l’acquis incompris

J’ai rien à t’offrir

sauf un épouvantail qui fait pas peur aux oiseaux

Je tremble de plus d’peurs que de certitudes

aimer ça se situe au poil prêt entre scoumoune et mauvais saure

que mon battant gamberge

à c’que mon odeur à te rapprochera où t’étendra sur place

ou mieux tiens j’ose, te mettra en marche ?

Ah tu voudrais qu’on conjure le mauvais sort

j’t’entends de loin

tu dis pas t’hurle

que l’amer c’est pas là-dessus qu’on va naviguer

pique tu as pris un ticket pour l’ailleurs de ce monde en ruines

un aller simple sans retour pour la Poésie

Niala-Loisobleu

10 Septembre 2014

Le Second Passage ((Série Entre Mais et si On…)

2014

Niala

Acrylique s/toile 65×54

 

LA PETITE BÊTE NOIRE

LA PETITE BÊTE NOIRE

Violent comme une peste pleine dedans, l’Immonde, abject, avilissant, cracra, dégoûtant, dégradant, fétide, hideux, honteux, impur, infâme, infect, inhumain, innommable, inqualifiable,  lâche, laid, malpropre, méprisable, maudit, nauséabond nauséeux, obcène, odieux, ordurier, puant, répugnant, répulsif, sordide et turpide PIRATE , a investi ma demeure…

Au matin d’un jour où mes Amis allaient me croire indigent et en danger …l’enflure leur ayant mis dans la trompe, l’Eustache qui poigne hard…oh puti de branle-bas, si t’arrives à jouir t’es juste bon à jeter comme l’ordure…

Alors enfourchant la sorcière dans un ballet loin d’être rose, je bottais la salope en touche ! Et yop, ça boum !

Comme agacé à l’aiguillon au charnu de mon corps, je pris la niaque et en profitai pour redresser les bretelles de mes chaussettes mises à mal ces temps-ci par une cascade de coups foireux. Non mais ça va bien, suffit, j’veux pas qu’on m’prenne pour un jambon.

Sitôt l’affaire réglée, j’ai rentré dans les ordres, en faisant l’Amour en tête !

J’ai peint mes Bons, grâce à votre réconfort que ça  été que de l’énergie positive, j’ai fait l’oeil bleu et l’autre soleil, c’est bon comme chez-Nous, m’a-t-ailes illico répondu !

Alain Niala – 3 Mars 2017

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