MOTS D’ENCRE 3

 

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MOTS D’ENCRE 3

Tant de Bleu. Il faut bien que le noir de la vie sorte en crevant de ses nuages-abcès. Ce que je vois n’est pas ce que je pense mériter d’être montré. Dans tout un chacun existe un désir de vivre. L’être se laisse prendre par la perversité de l’expression. Matamore que les ch’tits appellent Biloute. Le bien-nommé mâle qui voit la Femme qu’en-dessous de la ceinture, un appendice pour oeil. Affreux miroir. J’ai mal à l’enfant en pensant à l’idée qu’il garde de son père ou de sa mère. Pourquoi, pour qui, pour quand ?

Etranglé par mes cordes sensibles ma gorge s’ouvre de son canif d’écorché vif.

Ce n’est pas moche de vouloir regarder le propre de chacun quand on sait vraiment  sa possibilité de se faire laid, de se montrer pervers et obsédé par son impuissance. Mes Mots d’Encre sont rien que le sel du sang d’aimer. J’ai peint hier pour le montrer sans autre intention que de faire place à l’espoir. Il y a trop d’enfants qu’on a fait et qu’on va faire en dehors de son chemin.

Niala-Loisobleu – 28 Juin 2017

 

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Mots d’Encre 3 – 2017 – Niala – Acrylique et encre sur contrecollé, encadré s/VERRE 30X40

PROMESSE 5

 

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PROMESSE 5

« Les quais de Seine, voilà bien le théâtre de la promesse que je me suis faite tout petit d’aller au bout, quoi qu’il arrive. » disais-je en étant sincère, lorsque je rédigeais le texte de la quatre. Je tiens toujours mes promesses, mais il se peut que par intervention extérieure, l’une d’elles soit remise en cause. J’en aurais au moins gardé le vouloir en entier

Ce jour tourne sur place, les vents aussi, en tous cas bien trop d’éléments s’accordent à le faire croire. Des disparitions non proclamées viennent corroborer l’impression, à n’en plus faire douter. La couture se découd; le bouton pend au fil d’une interrogation. Un ange est passé dans mon rêve. Signe annonciateur du dernier voyage qui se prépare à faire son sac ? Voilà une hypothèse qui pourrait être la bonne. A dire vrai, je suis pas prêt à partir, seulement il faut admettre qu’on ne prend pas toujours l’avis du vivant pour en faire un mort. Je ferme les yeux, vue de l’intérieur je suis en corps plus nu qu’à l’extérieur. Habité de tant d’amour à qui la chaleur manque, faut bien l’avouer. Les choses jouent plus souvent  à gibouler le tant. Un coup tu brûles, l’heure d’après tu glaces. M’aime en ayant rien bouger de tes sentiments, tu es pris dans le flot de la perturbation générale. Mon cheval, faute d’avoir retrouvé son vélo, en perd les pédales. Jusqu’à la cabane avec qui la conjugaison ressemble à une réforme de l’enseignement. Oh, non j’aime ma langue natale. Po en vie d’être un autre. J’aimerais être emporté dans une de mes petites maisons blanches, de l’herbe autour, bleue de préférence.

Niala-Loisobleu – 2 Juin 2017

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Promesse 5 – 2017 – Niala – Acrylique s/contrecollé encadré s/verre 40×50

PROMESSE 1

PROMESSE 1

Les machinations du Sable (extrait)

 Tu n’es pas en colère
Mais tu n’es pas un homme sans colères

Qui va au milieu de ses sables
Perdu au cœur de sa propre sciure –  sont-ce les copeaux de ta vie qui s’émiettent sous tes pas en grains incandescents pour te rappeler les bruits oubliés de tes brisures ou les graines de vie qui ruinent l’espoir d’une mort certaine

*

Ancré dans le duvet de tes propres cendres
tes pieds s’enfoncent dans le sable des certitudes diluées d’où tu renaîtras droit blanc comme un squelette de phosphore illusoire sémaphore comme une amphore perdue au milieu des ruines d’une incertaine aurore
parfois la pensée a la blancheur d’un squelette et les mots l’épaisseur de la chair

Dans les sables noirs de ta vie
il est une aube qui ne dira peut-être jamais son nom d’étoile
si tu n’étends les mensurations de ton esprit étriqué
pour entrer dans la grâce de l’inconnu

*

Cet homme qui écrit de ses pas un nom évanescent sur l’ardoise des sables reviendra-t-il un jour de pluie ou de grêle brûlante
Se souviendra-t-il de ses voies plurielles et entrecroisées
Se reconnaîtra-t-il dans cette immensité sans souvenirs
L’homme des sables feuillette sa vie sur la table rase et jamais pleine et toujours nouvelle de la vie

*

Errance
inconstance
turbulence
la cadence de l’impénitence
depuis des siècles astreints au mouvement perpétuel
et cela n’est pas pour finir bientôt
les hommes bleus du désert marchent
le cœur lové dans le délire circulatoire de son désert affectif et dissertant sur l’impossible haine de la vie

*

Le désert qui s’étire devant éveille en toi des souvenirs inguérissables et dessine en silence une nature féérique qui est loin d’être une évidence poétique
Marche
Cette guerre que tu mènes contre la nature accentue la beauté des dunes ondulées sous tes pas trébuchés.

*

VA
ta foulée irrégulière et monotone
absente à force de martèlement
marche sur les sables mouvants de tes souvenirs abîmés
sur cette terre incendiée qui t’appelle sans espoir de retour
Souffrant comme un esclave soupire
après l’ombre ou le forçat après la trêve
l’homme expire et où est-il

*

Comme l’aveugle qui lacère les plis de la nuit ou la barque qui fend les eaux orageuses dans le noir silence l’homme transi et disjoint agrippe les lambeaux d’espoir
Ceux qui ont apprivoisé le désert ont conquis l’éternité
la liberté y a l’ampleur de la lumière
ce qui manque à l’imagination dans l’enclos de la raison

*

L’océan de sable crayonne l’infinie courbe des dunes qui se prélassent avec nonchalance leur dos gondole pour faire des vagues géantes, longues, lisses et lasses à la beauté sulfureuse de cuisses déharnachées
De tes regards éperdus tu saisis toute la distance qu’il te faut encore courir avant la tempête de la nuit
Que nulle part ailleurs les ténèbres sont menaçantes et le jour si fort comme au désert – le danger éclaterait de partout comme une averse impromptue qui tombe promptement en trombes
Mais à quoi bon la peur de mourir quand le vent qui siffle assèche la peau les os

Un vieux grillon aux élytres noires crie son esseulement – le sable chaud se glace tout d’un coup le froid est maître de la nuit comme l’est du jour le soleil

*

Le cactus fier et majestueux
Tend ses multipliés épineux adipeux
Pour implorer du ciel quelle clémence
Le désert est triste et vaste comme un océan de sel
On y est si près des résonnances mythiques et élégiaques de la mer
La vie ralentit son pas fou sur des ombres ratatinées
Tourmentée par un soleil acharné

Et comme on peut se sentir vain
Homme dans la création foisonnée
Le sable des souvenirs moisis s’entasse dans les couloirs noirs de la mémoire où l’amertume entretient ses racines de plante vivace.
Les pas que tu allonges ne t’avancent guère plus loin
D’où vas-tu et où viens-tu

*

Et c’est ici le paradoxe de ta folle randonnée
La foulée propulse toujours plus loin creuse un cheminement vers l’inconnu du monde et engendre derrière le tracé d’un potentiel retour
L’amont appelle l’aval et les deux se tiennent inséparables

*

Espace horizon le désert est fascinant
et par sa raideur terrifiant
une oasis y est un mirage aqueux au milieu d’une réalité de feu
une exception qui survit au creux d’un songe de sable
comme une espérance tremblée au fond de l’âme

*

Il y a pourtant plus aride que le désert rouge d’Australie
c’est l’esprit cuit à point au foyer des préjugements
ou le galet durci d’un cœur chauffé à blanc par la froideur de la haine
ou la raison prise au piège des isthmes idéologiques – les mondialismes fondamentalismes intégrismes
les terrorismes angélismes intégritéismes et autres humanitarismes
tous ces paradigmes de l’infécondité des temps passés et présents

Ce qu’il faut combattre dans chaque religion et qui est en chaque homme c’est justement cette dérivation propre en is(th)mes qui est une dérive hystérique.

*

Les yeux rivés sur l’éternellité de ta rage de vivre d’aimer de vaincre avance vers le goulet ouvert sur le temps sans fond et sache que ces larmes gaspillées n’auront pas séché que d’autres inonderaient déjà les rainures creusées sur tes joues.

*

On l’a dit, mais est-ce vrai, c’est l’espoir scintillé d’une oasis qui dit la beauté du désert. Ce poème de sable sans fin que tu traverses comme une ligne de fuite est un réservoir de promesses fossilisées. L’étendue exquise le tournis – ou est-ce le contraire ?
Quand il fait feu de toutes parts, l’espoir d’une oasis rend le désert plus beau encore. La soif devient un simple compagnon de route. Fidèle d’une inquiétante  loyauté. Mais l’étendue seule rend le vertige doux.

*

Le Sahara le Kalahari le cœur de l’homme échancré par la haine et la peur de l’autre ont certainement les mêmes économies – et la rugosité.

*

Homme ridicule fourni parmi les sables infinis de la vie ombre sans corps temps sans histoire échoué dans ce vide plein de Dieu tes heures heurtées s’écoulent avec monotonie
Mais chaque désert a ses oasis même si tes déserts à toi te semblent sans espoir d’eau sinon celle qui sourd des geysers de ton cœur trahi
Que faire des désirs qui naissent dans la nudité de ce lieu cimetière de vents et de sables qui brouillonnent ton cœur d’insomnies invaincues

*

Homme hombre
Tes pas redoublés s’enfoncent dans les rainures des chemins de dunes
Ta foulée a beau se faire ample
Tes pas sont toujours à l’étroit assurés même de sombrer dans le vide
Tes pas scandent leur litanie et ton rayon de jeu ne passe guère ta conscience
Tu tomberas à coup sûr dans le tourbillon de ta propre tautologie
Ombre qui s’en va à vau sable nulle part (ailleurs) que la tienne te tend un bras ami ou armé
Creuse le sable de ton cœur il est sûrement un chemin inédit

*

Le désert est un lieu-temps où le temps se distend et l’espace dure
le désert est un vaste champ de ruines un chant dévasté en plein vent
où l’homme mène une lutte d’épuisement de poussière et de sable

*

Un vol d’oiseaux déchire le ciel sans fond
Sont-ce les nettoyeurs du désert qui réclament le dépôt immédiat de ton âme sur le matériau fossile de ce lieu horizon
Tu as posé le talon sur ce filet de sable aux mailles béantes et la trappe sur ta route sans chemin se referme sur ta cheville
Elle ne tardera pas à t’ensevelir à moins de quitter le poste de spectateur de ta vie

*

Vas dans ta claudication solitaire
peut-être où se trouve le salut
vois-tu de tes regards affamés quelque lamproie accommodée
quand le soleil dans ses éclats de lampyre dévoile les courbes sereines des lames de sable qui s’étendent à l’infini
la vie qui au loin t’appelle ne te laissera pas le temps d’aimer ces lieux fascinants et terrifiants de féérie

*

Qui es-tu homme des vents galet brûlant errant roulant tes désirs de pierre
ton pas hésité est une prière évaporée dans ce temple aride et sans bout
où vas-tu dans cette intime solitude qui te colle au pas et remplit tes silences crevassés de chants de ruines
tu claudiques preuve que tu ne boîtes pas que tu passes ton chemin comme une étoile va s’étreindre dans les voies lactées et inexpugnables avec les ténèbres sidérales

*

Où vas-tu de ce pas précipité
et d’abord d’où pars-tu pour t’atrophier
dans ces flots de sable où les rêves d’eau d’un coup
se muent en cauchemar de feu de soif de faim
connaîtras-tu en ce lieu immense le bonheur
de boire après avoir eu soif

*

Il faut sonder ta pensée jusqu’à pleine saisie de l’ineffable qui se déploie sous tes yeux mais cette mer salée et immobile ne gardera pas le souvenir de ton pas haletant
Contemple les fenêtres de Dieu et cueilles les pépites du soleil qui fuit à l’horizon
Tu te crois touriste tu es flâneur
Fétu de sable sur la paille dorée des dunes
Un lieu de ruines un lieu aride avide torride à l’horizon strié de cris d’hyènes qui guettent l’heure fatidique où tu poseras fatigué ton bâton de pèlerin vaincu dans tes inassouvissements

la vie aspirée par la lente seringue du temps

*

Un serpent s’efface dans la dune laissant sur le sable une trace qui te tente. Se souvient-il des temps où il allait sur ses pattes avant d’être aplati de tout son long Ce tout premier rhéteur a tracé une voie mentie à une descendance innombrable.

*

Le désert se déploie à perte de voies et les voix mêmes se confondent dans leur propre écho.
Ombres portées sur les sables les pèlerins aux corps tremblants suivent l’appel de l’horizon si proche et intouchable.

*

Tends l’oreille et ouïs le vaste silence de cette immense voyelle sonore
Le désert parle plusieurs langues l’amour la paix la dilatation de l’être La violence qui se greffe sur chaque grain de sable Le chaud le froid la beauté des dunes alanguies au milieu de l’horizon Partout le temps s’involue pris dans son propre vertige Le ciel n’est pas un couvercle lourd c’est un voile bleu tinté de nuages blancs et secs qui ouvre sur l’inédit et l’ineffable

*

La soif qui assèche la langue est la seule évidence qui rappelle les corps perdus dans les riens arides de cette poussière renouvelée Le vent habile manège soulève de vifs espoirs de fraîcheur et s’acharne à effacer toute trace de mémoire de tes pas brûlés sur le sable C’est le poème d’une fin probable et d’un départ prometteur Le désert est une promesse poétique et terrible Une prophétie dont l’épiphanie inquiète plus qu’elle ne rassure.

*

Au fil de la traversée des voix fusent
Si l’on y croit des voies s’ouvrent
Et l’écho l’onde du silence se heurte s’amplifie rebondit sur les formes plurielles des sables ou sur les épaves de navires naufragés qui rappellent que ces lieux furent arrosés
Graviers Alluvions
Débris de chair polis par les vents
La traversée du désert est une équipée terrifiante
Une marche lente où le temps devient éternité

*

Il faut résister aux courants qui noient ou électrocutent et revenir en avant pour faire triompher les bonheurs simples et la fascination des éléments dans leur présence/absence

*

La vie est un itinéraire de sable
Un voyage sans destination initiale
Le désert un naufrage de sables qui dessine sur les délinéations du sol des dunes aux contours de femmes éphémères
La lumière fulgurante omniprésente et brûlante effrite le son et perd le regard

Univers mystérieux où la somptuosité de l’immensité écrase tout autre boniment le désert est plongé dans la lumière éternelle et l’horizon qui de loin en loin s’efface s’écrit dans le même mouvement

Le désert est tout à la fois début et fin vie et mort
Lumière aveuglante jeux d’ombres et de lumière
Les heures se traînent en un cortège infini

*

Toi qui croyais fuir La rumeur Le mécontentement populaire La guerre des mots qui volent comme des balles sifflantes
Te voilà assigné à solitude seule demeure où rien ne croît sauf l’évidence du vide qui se creuse dans ta tête ton cœur troué ton esprit béant

*

Voyageur
Passager
Déambulateur qui troue de ses rêves les volutes de sable
Tu apprends enfin l’art de l’essentiel
À te soustraire à la loi du superficiel à savoir que tous les paradis artificiels ne sont qu’artificiels

Et si ton ombre s’allonge devant ce n’est pas pour dire d’autres dimensions qu’elle n’atteindra pas
tes pas essoufflés déjà viennent se coller à ta silhouette pour te rappeler tes faux départs tes épuisements tes écroulements
tu n’es jamais arrivé n’étant jamais parti
hors de toi

*

Tu échéances la perte
Tu échelonnes le déclin  mais le déclic déjà est déclenché
Tu échancreras encore un cœur ou le duvet soyeux de la vie
Mais tu sais très bien que le sursis est une corde qui craque au-dessus de la fosse qui offre si heureusement ses entrailles au proscrit

*

L’horizon est tombé se lèvera-t-il sur d’autres mondes
tu n’as fait qu’un petit tour du rond-point de ta conscience
et te voilà encore perdu dans les détours d’une histoire
l’amour dont on ne sait s’il existe ou s’il faut l’inventer tient-il de la physique ou dit-il la négation du déterminisme
car à peine commencé tu es maintenant au point de chute l’effroi
la terreur sont plus sûrs compagnons et tu sais les épouvantements des fins de parcours
l’obscurité qui envahit comme une nuée ardente

*

La vie s’exfolie les hommes comme des feuilles
tombent – deuil
de l’arbre de la vie
derrière les plus paisibles nuages s’élèvent de silencieuses tempêtes
Mais le silence ne couvrira pas d’absence le surgissement de la parole qui échappera à l’épuisement du vécu par le mouvement.

Dans ce monde parcouru d’un frisson d’hébétude seule la distension de l’être personnel qui suit l’appel aval (à val) des pentes déclives au-delà des délinéations telluriques offre la possibilité d’une insertion dans le cycle universel. Ton pas se mouvra en une dynamique qui déplace les tracés pour t’arracher à l’entrave charnelle. Mû par les démangeaisons d’itinérance en ce monde de références résiliées tu suis un trajet hypnotisant dans la quête frémie de la plénitude de l’exister.
Tu sais que seul le mouvement parvient au possible.

Jean-Claude Abada Medjo

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Promesse 1 – 2017 – Niala – Acrylique sur canson aquarelle, encadré s/verre 40×50

Et après t’être mordu l’Adam

dans une humanité aux sables mouvants

s’il te reste un grain de cette

« Promesse »

faite dans le secret de toi-m’aime,

sème-le immédiatement

dans le seul sillon fertile  que tu connaisses

avant qu’il ne t’échappe à son tour

Niala-Loisobleu – 21 Avril 2017

MON JARDIN

MON JARDIN

D’encre retenue en un petit pot blanc

Des carreaux continuent de jouer avec le soleil

Plume au vent

Seins alertes

La terre arrosée du sang d’éclats d’abus

Pousse en rose trémière

Son désir de fraternité.

Niala-Loiobleu – 3 Avril 2017

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LES VILLAGES BLEUS / N°3

LES VILLAGES BLEUS

(N°3)

 

…Je préviens que j’emploierai ce mot [poète] au sens large des anciens ; non pas du faiseur de vers — qui n’en a plus aucun pour nous — mais désignant tout artiste dont l’ambition et le but sont de créer, par une œuvre esthétique faite de ses propres moyens une émotion particulière que les choses de la nature, à leur place, ne sont pas en mesure de provoquer en l’homme. En effet, si les spectacles de la nature étaient capables de vous procurer cette émotion-là, vous n’iriez pas dans les musées, ni au concert, ni au théâtre, et vous ne liriez pas de livres. Vous resteriez où et comme vous êtes, dans la vie, dans la nature. Ce que vous allez chercher au théâtre, au musée, au concert et dans les livres, c’est une émotion que vous ne pouvez trouver que là — non pas une de ces émotions sans nombre, agréables ou pénibles, que vous dispense la vie, mais une émotion que l’art seul peut vous donner.

Il n’y a plus personne aujourd’hui pour croire que les artistes apprennent leur art et leur métier dans la nature. En admettant qu’elle soit, comme on l’a dit, un dictionnaire, ce n’est pas dans un dictionnaire que l’on apprend à s’exprimer. […] C’est par les toiles des maîtres que sont d’abord émus les jeunes peintres, par les poèmes des aînés que sont remués, blessés à vie, les futurs grands poètes.

[…] les vrais poètes ne peuvent prouver la poésie qu’en poétisant, si je puis dire. Pour moi, à qui certains prestigieux moyens n’ont pas été très libéralement départis, je suis bien obligé de m’y prendre autrement. On a souvent dit et répété que la poésie, comme la beauté, était en tout et qu’il suffisait de savoir l’y trouver. Eh bien non, ce n’est pas du tout mon avis. Tout au plus accorderai-je que la poésie n’étant au contraire nulle part, il s’agit précisément de la mettre là où elle aura le plus de chance de pouvoir subsister. — Mais aussi, qu’une fois admise la nécessité où l’homme s’est trouvé de la mettre au monde afin de mieux pouvoir supporter la réalité qui, telle qu’elle est, n’est pas toujours très complaisamment à notre portée, la poésie n’a pas besoin pour aller à son but de tel ou tel véhicule particulier. Il n’y a pas de mots plus poétiques que d’autres. Car la poésie n’est pas plus dans les mots que dans le coucher du soleil ou l’épanouissement splendide de l’aurore — pas plus dans la tristesse que dans la joie. Elle est dans ce que deviennent les mots atteignant l’âme humaine, quand ils ont transformé le coucher du soleil ou l’aurore, la tristesse ou la joie. Elle est dans cette transmutation opérée sur les choses par la vertu des mots et les réactions qu’ils ont les uns sur les autres dans leurs arrangements — se répercutant dans l’esprit et la sensibilité. Ce n’est pas la matière dont la flèche est faite qui la fait voler — qu’importe le bois ou l’acier — mais sa forme, la façon dont elle est taillée et équilibrée qui font qu’elle va au but et pénètre et, bien entendu aussi, la force et l’adresse de l’archer.

Pierre Reverdy (Sable mouvant, Au soleil du plafond, La Liberté des mers, suivi de Cette émotion appelée poésie, édition d’Étienne-Alain Hubert, Poésie / Gallimard, 2003, p. 94-95, 96, 107-108. [/i]

Salut Montparno,

toi qui me mandoline

Comme si, à la recherche du sens, tu m’rappelais Amédéo

Sous couvert de ton cimetière

Histoire de me sortir la tête de l’eau

Matière de doute c’est sûr que Modi, lui, y fait référence

Plus maudit que lui tu meurs, d’ailleurs ils se sont pas privé d’lui dire, les braves gens

Pas étonnant que l’Art N’aigre t’ait inspiré la forme de ton émotion

Le rouge dans ton verre, à La Ruche tu t’en ais piqué le pif jusqu’au Dôme

A la tienne, que j’rêve tout ô

Tout seul

Dans le trou de chiottes de l’avis unanime

Ya des Cours où la lâcheté trône

Y’en a une monumentale que tu as habité plus que quiconque

C’est celle qui partant de ta fenêtre, atterrit sur le pavé de la cour

Jeanne Hébuterne

Avec ton enfant dans l’ventre

Salut Montparno, toi qui me mandoline

en corps des années après

Cimetière des arbres éternels, source vive où le frisson est toujours

Village Bleu

où dans l’égarement des valeurs je r’trouve toute la gamme des bonnes notes

Aujourd’hui j’ai laissé la parole à

Pierre Reverdy

il a tous les mots de ma pensée.

A présent passée

De Paname à Charente

Cabane maritime

Alain Niala

19 Mars 2017

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Les Villages Bleus – 2017 – Niala – Acrylique s/contrecollé, encadré s/verre 65×50