LA LUMIERE ETEINTE

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LA LUMIERE ETEINTE

Un matin de sureau

Elle est restée dans ce champ

Qu’a-t-elle laissé d’elle en s’en allant

Tout ce que j’ai voulu

Et d’abord une armure choisie dans les décombres

De la plus ciselée des aubes

Une armure sous un arbre

Un bel arbre

Ses branches sont des ruisseaux

Sous les feuilles

Ils boivent aux sources du soleil

Leurs poissons chantent comme des perles

Un bel arbre les jours d’ennui

Est un appareil visionnaire

Comme un autre

Par cet arbre de tous les jours

Je suis le maître de mes quatre volontés

Puis une femme au col de roses rouges

De roses rouges qu’on ouvre comme des coquillages

Qu’on brise comme des œufs

Qu’on brûle comme de l’alcool

Toujours sous l’arbre

Comme un aimant irrésistible

Désespérant

La flamme traquée par la sève

Tantôt fragile tantôt puissante

Ma bienfaitrice de talent

Et son délire

Et son amour à mes pieds

Et les nacelles de ses yeux dont je ne tomberai pas

Ma bienfaitrice souriante

Belle limpide sous sa cuirasse

Ignorante du fer de l’arbre et des roses rouges

Moulant tous mes désirs

Elle rêve

De qui rêve-t-elle

De moi

Dans les draps de ses yeux qui rêve

Moi

Ses mains sont vives

De vraies mains de sarcleuse

Tissées d’épées

Rompues à force d’indiquer l’heure matinale sempiternelle atroce du travail

Des mains à tenir amoureusement un bouquet de roses rouges sans épines

Et ce galop de buffles

Mes quatre volontés

Cette femme au soleil

Cette forêt qui éclate

Ce front qui se déride

Cette apparition au corsage brodé d’épaves

De mille épaves sur des vagues de poussière

De mille oiseaux muets dans la nuit d’un arbre

Il ferait beau penser à d’autres fêtes

Même les parades déshabillées défigurées ensanglantées par des grimaces de masques atteignent malgré tout à une sérénité condamnable

Et quel passant hors jeu juste au carrefour d’un sourire de politesse ne s’arrêterait pas pour saluer d’un éclair de la main le ventre impoli du printemps

Un panier de linge à la volée se calme tendrement
Sa blanche corolle s’incline vers ses genoux brisés
Aucune roture de couleur n’a barre sur lui

Et par la déchirure d’une dentelle

Il disparaît

Sur une route de chair

Boire

Un grand bol de sommeil noir

Jusqu’à la dernière goutte.

Paul Eluard

MA LUMIERE ETEINTE

Tombé de cintres inattendus

le grand voile fait rideau

La parade est assassinée

le cheval doit rentrer à la ménagerie

et l’oiseau à la cage

Fermeture pour confinement

je ne peins pas pour le lucre

mais meurs d’absence de moyens

Pour le souffle j’ai chargé l’Atelier du meilleur à sa fenêtre

« AUTAN-OCCITAN »

mon feu cathare

la maison qui voulait que tout commence.

Niala-Loisobleu – 22 Novembre 2020

AUTAN OCCITAN 1

La raison du chemin

Est une main de terre

Tendue sans réserve

Sur le théâtre pourpre

D’une maison en territoire choisi.

Elle abrite ce qu’on ne retient pas

Aux draps du quotidien blême

Et la narration de l’autre

Epouse la venteuse géographie

De silencieux et lointains jardins

Où poussent des images de chair

A s’endormir dans le repli de son bras.

Le genou se balance à l’anse de la pierre et de la peine

Et convoque obstinément la mer

Comme une clarté salutaire

Que l’on remue en se parlant tout bas.

Barbara Auzou

P1050680

Autan Occitan 1 – 2018 – Niala – Acrylique s/toile 46×38 –

Prix-Atelier : 450,00 € (Encadré)

L’EPOQUE 2020/49 – « Le Latent Levé »

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L’EPOQUE 2020/ 49: LE LATENT LEVÉ / Niala / acrylique s/toile 73×60

Rien ne me fera blesser

Cette vie qui dépasse partout la pensée

Et ta main preste comme une leçon de choses

Est un feu fascinant qu secoue son vertige

Au-dessus de ses prairies natales

Des chênes bronzés braconnent

Ce peu de saison attardée

Pour dresser sur sa tige un dernier bouquet d’oriflammes

La terre fidèle à sa vocation allège la nuit de sa course

Roux est l’attelage du songe et de la femme

Il tend au matin ses fruits tendres où vont les bouches gourmandes

Et dans la taupe automnale du sang

Le printemps s’enfonce très loin

Et pour longtemps

Barbara Auzou

EDITIONS TRAVERSEES

Éditions Traversées.

AuteurPar lievennPublié dans Chronique de Patrice MaltaverneChroniques

Chronique de Patrice Maltaverne

Barbara Auzou et Niala« L’Époque 2018 », Éditions Traversées.

Publié par les Éditions Traversées, « L’Époque 2018 » (sous-titré Les Mots Peints), de Barbara Auzou et Niala (alias Alain Denefle), comprend une suite de trois cycles, intitulés « L’Époque 2018 », « Autan Occitan » et « Notre Jardin bleu ».

Il m’arrive très rarement de lire des recueils de poésie dans lesquels illustrations et poèmes soient aussi inséparables. Je veux dire par là que pour se pénétrer de l’ambiance des textes publiés ici, il faut déjà observer attentivement les illustrations avant d’aller lire les poèmes correspondants.

Le poème n’est d’ailleurs pas le décalque fidèle de l’illustration (acryliques sur toiles ou contrecollés). Cependant, il est la traduction fidèle de son univers.

Le monde de « L’Époque 2018 » peut être qualifié d’onirique, de consubstantiel à la nature (couleur verte dominante), de sensuel (représentation de nombreux nus féminins), voire de mystique (élévation des personnages et des choses).

Dans « Autant occitan » et « Notre jardin bleu », les représentations sont moins humaines, tandis que le soleil et l’eau se mélangent davantage à la nature.

Il résulte de ces univers peints des poèmes visuels résolument lyriques, aux images volontiers baroques, mais qui ne sont pas dépourvus de mouvements, ce qui donne à ces textes leur puissance, et une respiration ample.

Le résultat est un recueil ambitieux qui a su retenir mon attention de lecteur, car, mine de rien, il s’y passe plein de choses.


Extrait de « L’Époque 2018 », de Barbara Auzou, « Notre jardin         bleu 1 » :


« Au bout de la route franche

qu’on ne foule que de l’âme

sur les courbes de l’unité et de la spontanéité du geste

se trouve un jardin bleu dont la hanche

tremble comme une mariée aux pieds nus

et qui s’émeut de la caresse

d’écume à ses cheveux et de la rondeur

de ses larmes quand le gant de lierre

qu’elle retourne la détrousse dodue

de ses solides trésors d’enfant

tressés sur les 

d’un rire innocent.


Les arbres déroulent leurs arbres au flanc

d’un tendre abri. Que célébrer sinon la vie

et la pensée que l’on existe maintenant

la fleur le sein le fruit en leur juste poids

les mousses de la douceur sur le velours de l’appui ?


L’azur croît pour soutenir la lumière

des mains réciproques qui s’enroulent au hasard

saisonnier des moissons à venir.

Des greniers de la peau qui s’étonnent encore

de leur réserve de sel s’échappent des bourgeons de rires

et quelques boutons d’or. »


Si vous souhaitez en savoir plus sur « L’Époque 2018 » de Barbara Auzou et Niala, qui est vendu au prix de 20 €, rendez-vous sur le site de l’éditeur : 

©Patrice Maltaverne

L’EPOQUE 2020/48 – « LE MARIN-JARDINIER »

Après les Époques 2018 et 2019, voici le quarante-huitième de cette nouvelle Époque 2020 avec BARBARA AUZOY : LE MARIN-JARDINIER  . Merci de considérer que le poème est indissociable du tableau et vice-versa…

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L’EPOQUE 2020/48 « LE MARIN-JARDINIER » Niala Acrylique s/toile 61×50

Il n’y aura plus de temps

Je ceins les hanches de la plus haute clairvoyance

Et les printemps tournent leurs rires autour des salières

Celui qui nage tient l’étendue toute entière

Embrassée et va passeur de pollens et de lumières

Dans les blés mûrissants lever des aigrettes de clarté

Toi qui toujours me demandais si nous étions encore loin de la mer

Tu vas vers ton secret entre la force et le flot

Tu n’as pour seule pensée que le bruit de l’eau

Ton audace est une fleur insoumise et sans calcul

Qui manie sa pale jusqu’à l’élégance empennée du corail

Barbara Auzou.