LES VILLAGES BLEUS 4

 LES VILLAGES BLEUS 4

LACUSTRES

D’un tremblement indicible, la maison court de long en large

au plus reculé du village Que d’années à se sortir de l’arrière-cuisine

Retournant la chambre d’amour de fond en comble,

loin des enfouissements des pilotis

qui pourtant,

contre toutes apparences,

continuent à nager

nous visons la rive

L’odeur de jasmin s’entête à escalader le tertre.

Est-ce par l’alchimie des peaux retournées,

par l’élargissement des brisures à corps défendant,

ou par la brûlure des zéniths décalés,

que du clocher le coq sonna ce jour après qu’il se fut levé ?

Rien en particulier, tout

chez Soi

est à prendre ensemble

pour désengorger.

Des glacis transparents, liquéfiés aux écoulements internes

la couleur se débat pour reprendre

matière

éclat

lumière

vigueur

et rejoindre d’un bond la main d’un esprit commun

qui élargira les fissures par où évacuer

les accommodements de tons rabattus imposés par l’Académie…

Entre deux eaux, deux aiguilles face à face

pendulent

en croisant le faire d’un cap et d’épais, vent à tâtons.

Tandis

que paisiblement grimpés sur le récif,

les traits mis ensilent pour deux mains…

 

Niala-Loisobleu – 24 Mars 2

 

Les Villages Bleus 4 – 2017 – Niala – Acrylique s/contrecollé, encadré s/verre 30×40

LES VILLAGES BLEUS / N°3

LES VILLAGES BLEUS

(N°3)

 

…Je préviens que j’emploierai ce mot [poète] au sens large des anciens ; non pas du faiseur de vers — qui n’en a plus aucun pour nous — mais désignant tout artiste dont l’ambition et le but sont de créer, par une œuvre esthétique faite de ses propres moyens une émotion particulière que les choses de la nature, à leur place, ne sont pas en mesure de provoquer en l’homme. En effet, si les spectacles de la nature étaient capables de vous procurer cette émotion-là, vous n’iriez pas dans les musées, ni au concert, ni au théâtre, et vous ne liriez pas de livres. Vous resteriez où et comme vous êtes, dans la vie, dans la nature. Ce que vous allez chercher au théâtre, au musée, au concert et dans les livres, c’est une émotion que vous ne pouvez trouver que là — non pas une de ces émotions sans nombre, agréables ou pénibles, que vous dispense la vie, mais une émotion que l’art seul peut vous donner.

Il n’y a plus personne aujourd’hui pour croire que les artistes apprennent leur art et leur métier dans la nature. En admettant qu’elle soit, comme on l’a dit, un dictionnaire, ce n’est pas dans un dictionnaire que l’on apprend à s’exprimer. […] C’est par les toiles des maîtres que sont d’abord émus les jeunes peintres, par les poèmes des aînés que sont remués, blessés à vie, les futurs grands poètes.

[…] les vrais poètes ne peuvent prouver la poésie qu’en poétisant, si je puis dire. Pour moi, à qui certains prestigieux moyens n’ont pas été très libéralement départis, je suis bien obligé de m’y prendre autrement. On a souvent dit et répété que la poésie, comme la beauté, était en tout et qu’il suffisait de savoir l’y trouver. Eh bien non, ce n’est pas du tout mon avis. Tout au plus accorderai-je que la poésie n’étant au contraire nulle part, il s’agit précisément de la mettre là où elle aura le plus de chance de pouvoir subsister. — Mais aussi, qu’une fois admise la nécessité où l’homme s’est trouvé de la mettre au monde afin de mieux pouvoir supporter la réalité qui, telle qu’elle est, n’est pas toujours très complaisamment à notre portée, la poésie n’a pas besoin pour aller à son but de tel ou tel véhicule particulier. Il n’y a pas de mots plus poétiques que d’autres. Car la poésie n’est pas plus dans les mots que dans le coucher du soleil ou l’épanouissement splendide de l’aurore — pas plus dans la tristesse que dans la joie. Elle est dans ce que deviennent les mots atteignant l’âme humaine, quand ils ont transformé le coucher du soleil ou l’aurore, la tristesse ou la joie. Elle est dans cette transmutation opérée sur les choses par la vertu des mots et les réactions qu’ils ont les uns sur les autres dans leurs arrangements — se répercutant dans l’esprit et la sensibilité. Ce n’est pas la matière dont la flèche est faite qui la fait voler — qu’importe le bois ou l’acier — mais sa forme, la façon dont elle est taillée et équilibrée qui font qu’elle va au but et pénètre et, bien entendu aussi, la force et l’adresse de l’archer.

Pierre Reverdy (Sable mouvant, Au soleil du plafond, La Liberté des mers, suivi de Cette émotion appelée poésie, édition d’Étienne-Alain Hubert, Poésie / Gallimard, 2003, p. 94-95, 96, 107-108. [/i]

Salut Montparno,

toi qui me mandoline

Comme si, à la recherche du sens, tu m’rappelais Amédéo

Sous couvert de ton cimetière

Histoire de me sortir la tête de l’eau

Matière de doute c’est sûr que Modi, lui, y fait référence

Plus maudit que lui tu meurs, d’ailleurs ils se sont pas privé d’lui dire, les braves gens

Pas étonnant que l’Art N’aigre t’ait inspiré la forme de ton émotion

Le rouge dans ton verre, à La Ruche tu t’en ais piqué le pif jusqu’au Dôme

A la tienne, que j’rêve tout ô

Tout seul

Dans le trou de chiottes de l’avis unanime

Ya des Cours où la lâcheté trône

Y’en a une monumentale que tu as habité plus que quiconque

C’est celle qui partant de ta fenêtre, atterrit sur le pavé de la cour

Jeanne Hébuterne

Avec ton enfant dans l’ventre

Salut Montparno, toi qui me mandoline

en corps des années après

Cimetière des arbres éternels, source vive où le frisson est toujours

Village Bleu

où dans l’égarement des valeurs je r’trouve toute la gamme des bonnes notes

Aujourd’hui j’ai laissé la parole à

Pierre Reverdy

il a tous les mots de ma pensée.

A présent passée

De Paname à Charente

Cabane maritime

Alain Niala

19 Mars 2017

P1050266

Les Villages Bleus – 2017 – Niala – Acrylique s/contrecollé, encadré s/verre 65×50

UN ALLER SIMPLE SANS RETOUR POUR LA POESIE

UN ALLER SIMPLE SANS RETOUR

POUR LA POESIE



Le branle tête au pré de tes seins alpages

sans rien qui dérange le trait durci du tétin

m’écrit avec sa craie sanguine

l’histoire de l’aisselle qui repousse pas le palais dans l’impasse

La voie royale du quotidien

Ils disent je t’aime avec tant de haine que ma voix tremble rien qu’à vouloir panser ces trois mots

pourtant c’est pas que dire « je t »aime »

que je murmure en un m’aime cri

à se ronger les ongles à l’indifférence

garant ses grosses bagnoles sur le trottoir avec l’idée de se regagner

la place du SDF cette insulte aux chromes.

Je t’ai dit le tant des fleurs aux carreaux de mes tabliers

quand buissonnant les trains qui se croisent à côté des robinets secs

j’hâlais aux lés aux lés remorquer les chalands au long de la Seine

A quoi ça m’a servi

à qui ça n’a pas profité ?

Puisque le combat d’un idéal

c’est pas d’être élu mais de voter je t’en ai rien caché de tout ça

te mettant à poil la condition humaine

ses hauts-fourneaux colonne vent dôme, terrils de lapin,

filatures pieds et nique-les air tétées front populaire

pose-toi là Petite-Môme

j’ai ma bouée

tu m’fais l’oeil tout humide tant le soleil gîte dans tes fenêtres

au point d’être retourné de sentiments

oh non

pas à cause de tes revenus ni de ton joli minois,

j’aime rien des grosses

non rien qu’à cause de toutes tes gourances du croyant bien faire

que t’as accumulée sans lésiner

Faut dire que les instruits par coeur

c’est les pires

ils possèdent que de l’acquis incompris

J’ai rien à t’offrir

sauf un épouvantail qui fait pas peur aux oiseaux

Je tremble de plus d’peurs que de certitudes

aimer ça se situe au poil prêt entre scoumoune et mauvais saure

que mon battant gamberge

à c’que mon odeur à te rapprochera où t’étendra sur place

ou mieux tiens j’ose, te mettra en marche ?

Ah tu voudrais qu’on conjure le mauvais sort

j’t’entends de loin

tu dis pas t’hurle

que l’amer c’est pas là-dessus qu’on va naviguer

pique tu as pris un ticket pour l’ailleurs de ce monde en ruines

un aller simple sans retour pour la Poésie

Niala-Loisobleu

10 Septembre 2014

Le Second Passage ((Série Entre Mais et si On…)

2014

Niala

Acrylique s/toile 65×54

 

TABLEAU DE BORD 1

TABLEAU DE BORD 1

Sous ce titre je vais à la pêche dans mes billets suivant l’évènement marquant du jour qui vient coller avec mes prémonitions passées.

A BORD DE L’AUTRE REGARD 1 & 2

– Une en vie de changer le NIL des choses ?

– P’t’être ben, à force de vent se voir derrière, peut porter à réfléchir. Quand c’est la guerre, au fond du trou d’l’ô bu, le merle ictère se déjaunit la pensée, en s’efforçant de se voir en paix

J’m’as souviens , c’était y a pas si longtemps, le tant des « Arbres Bleus et des Jardins Soleil»…j’m’en pique un rappel…

A peine levé j’entendis un bruit insolite traverser ma pensée. Non cette fois ce n’était pas la Générale des Eaux qui se rejouait Austerlitz en défonçant la chaussée, le tuyau de plomb sabre au clair. Alors les voisins sont absents, c’est donc pas eux qui se crêpent pour Mardi-Gras. Un petit détail attira soudain mon attention. Dans l’entrée le duffel-coat n’était plus là, à sa place un chapeau de paille sans moufle ni passe-montagne, regardait une paire de sandales posée en dessous d’une chemise à fleurs qui étalait ses manches bien au-delà du parterre. Des violets pris à bras de jaunes coulaient à plein verts, comme une bacchanale qui se serait sentie soif de changement. Même la tapisserie semblait délavée, la fenêtre se prenait dans le rebord du balcon, tellement elle se sentait perdue. Elle ne reconnaissait plus rien, qu’elle lève la tête , qu’elle la tourne, ou qu’elle l’abaisse, le ciel n’éclairait plus du même lustre, les maisons étaient-elles là hier, et la musique ? Non je ne rêve pas dit-elle, ça se saurait si j’avais fait entrer une armoire dans le tas de cartons où mes affaires transitent. On me l’aurait dit si des peintres avaient labouré la cour et repeint la cave en grenier, quand même j’ai conscience d’être chez moi en même temps que je suis sûre d’en être sorti. J’ai vu passer des gens célèbres en compagnie de petits enfants la mémoire grande ouverte. J’ai entendu une très forte émotion ébranler l’escalier en montant dans le train qui me ramenait de la mer, où je laissais la cabane au ponton des voiles qui se lèveraient sur un nouveau cap. J’ai senti que les mauvaises odeurs de friture du poste se mettaient à bronzer sous un vent chargé d’iode. Puis par transparence, sans qu’elle s’ouvre, la grande porte m’a montré des étendues de campagne douces, si protectrices avec leurs arbres forts, que ma main s’est posée sur la béquille, un pied a suivi l’autre, je suis passé de l’autre côté de mes peurs.

Toute la nature est prise dune frénésie si calme, que je me sens porté par un printemps magique. Me voici devant mes « Arbres Bleus et mes Jardins Soleil ».

Mon Pt’tit-Gars, comme à peindre je peux vivre sans m’inventer de faux-prétextes, c’est si beau cet Univers vu d’en haut!

Ce monde, grouillant d’un vide absolu, est d’une richesse ignorée des m’as-tu-vu, Il fait rassurant d’y revenir,

Loisobleu – 4 Septembre 2012

p1020480

Les Arbres Bleus 1 – 2012 – Niala – Acrylique s/toile 65×50

Voilà je des barques épris ponton. Détaché de l’ancre.

Bien mal à quai ne profite jamais.

Plutôt que les oh de hurle-vent qui sinistrosent les futaies, en cassant les bras des arbres qui ne demandaient qu’à bien faire, j’ai choisi l’ache pour me dire céleri qui met le pot-au-feu. Et d’un mouvement de largage la grand-voile, a poussé plus loin que le nez du vague , le sommet de la hune en ordonnant à l’édito de se réduire la grosseur de l’horreur en titre.

Quoi qu’il arrive, après que j’aurai mourru, je m’endormirai plus tranquille d’avoir d’un autre bleu nouveau, repeint le ciel.

Loisobleu – 7 Février 2014

Ce mois de Février  2017 se termine aujourd’hui. Je suis dans une attente toute aussi intense qu’il y a trois ans. Ce soir un enfant rentre d’un long voyage, demain sera signe d’un départ. Une impatience compréhensible nous habite. Il faut que la lumière qui est tenue en veilleuse jaillisse.

Alain Niala – 28 Février 2017