CLEMATITE
L’HERBE AUX GUEUX
Sur les ruines
D’un sol ancien,
Nous arrachions à pleines mains
Le papier à fleurs au plâtre des murs
Et démêlions patiemment
Les cheveux de la vierge
Tressés dans le questionnement
D’une nuit qui ment.
Comme il aura fallu veiller
Sur l’enfant que nous étions,
La main à ses mots
À ses buvards, à ses brouillons,
Sa présence envahissante
Et sa ligne s’enroulant à nos corps verticaux.
Nous ne savions pas alors la complicité des trains
Et la dissémination des graines qui voyagent
De gare en gare au fil d’un temps qui fait notre jardin.
Une lignée de mots rares fleuris sur un matin sauvage
Escalade follement le romarin.
La couleur s’exhale et nous l’aimons pour ses silences,
Sa frange de sable froissée aux doigts des saisons.
Pourpre, la patience de la clématite.
Pourpre, le souvenir d’un Nous qui nous habite.
Pourpre notre immobilité merveilleuse
Au secret de tous les herbiers que nous accrochons
Aux murs de briques comme des veilleuses.
Barbara Auzou
Clématite – L’Herbe aux Gueux – 2018 – Niala – Acrylique s/toile 100×100