MON JARDIN

MON JARDIN

D’encre retenue en un petit pot blanc

Des carreaux continuent de jouer avec le soleil

Plume au vent

Seins alertes

La terre arrosée du sang d’éclats d’abus

Pousse en rose trémière

Son désir de fraternité.

Niala-Loiobleu – 3 Avril 2017

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LES VILLAGES BLEUS / N°3

LES VILLAGES BLEUS

(N°3)

 

…Je préviens que j’emploierai ce mot [poète] au sens large des anciens ; non pas du faiseur de vers — qui n’en a plus aucun pour nous — mais désignant tout artiste dont l’ambition et le but sont de créer, par une œuvre esthétique faite de ses propres moyens une émotion particulière que les choses de la nature, à leur place, ne sont pas en mesure de provoquer en l’homme. En effet, si les spectacles de la nature étaient capables de vous procurer cette émotion-là, vous n’iriez pas dans les musées, ni au concert, ni au théâtre, et vous ne liriez pas de livres. Vous resteriez où et comme vous êtes, dans la vie, dans la nature. Ce que vous allez chercher au théâtre, au musée, au concert et dans les livres, c’est une émotion que vous ne pouvez trouver que là — non pas une de ces émotions sans nombre, agréables ou pénibles, que vous dispense la vie, mais une émotion que l’art seul peut vous donner.

Il n’y a plus personne aujourd’hui pour croire que les artistes apprennent leur art et leur métier dans la nature. En admettant qu’elle soit, comme on l’a dit, un dictionnaire, ce n’est pas dans un dictionnaire que l’on apprend à s’exprimer. […] C’est par les toiles des maîtres que sont d’abord émus les jeunes peintres, par les poèmes des aînés que sont remués, blessés à vie, les futurs grands poètes.

[…] les vrais poètes ne peuvent prouver la poésie qu’en poétisant, si je puis dire. Pour moi, à qui certains prestigieux moyens n’ont pas été très libéralement départis, je suis bien obligé de m’y prendre autrement. On a souvent dit et répété que la poésie, comme la beauté, était en tout et qu’il suffisait de savoir l’y trouver. Eh bien non, ce n’est pas du tout mon avis. Tout au plus accorderai-je que la poésie n’étant au contraire nulle part, il s’agit précisément de la mettre là où elle aura le plus de chance de pouvoir subsister. — Mais aussi, qu’une fois admise la nécessité où l’homme s’est trouvé de la mettre au monde afin de mieux pouvoir supporter la réalité qui, telle qu’elle est, n’est pas toujours très complaisamment à notre portée, la poésie n’a pas besoin pour aller à son but de tel ou tel véhicule particulier. Il n’y a pas de mots plus poétiques que d’autres. Car la poésie n’est pas plus dans les mots que dans le coucher du soleil ou l’épanouissement splendide de l’aurore — pas plus dans la tristesse que dans la joie. Elle est dans ce que deviennent les mots atteignant l’âme humaine, quand ils ont transformé le coucher du soleil ou l’aurore, la tristesse ou la joie. Elle est dans cette transmutation opérée sur les choses par la vertu des mots et les réactions qu’ils ont les uns sur les autres dans leurs arrangements — se répercutant dans l’esprit et la sensibilité. Ce n’est pas la matière dont la flèche est faite qui la fait voler — qu’importe le bois ou l’acier — mais sa forme, la façon dont elle est taillée et équilibrée qui font qu’elle va au but et pénètre et, bien entendu aussi, la force et l’adresse de l’archer.

Pierre Reverdy (Sable mouvant, Au soleil du plafond, La Liberté des mers, suivi de Cette émotion appelée poésie, édition d’Étienne-Alain Hubert, Poésie / Gallimard, 2003, p. 94-95, 96, 107-108. [/i]

Salut Montparno,

toi qui me mandoline

Comme si, à la recherche du sens, tu m’rappelais Amédéo

Sous couvert de ton cimetière

Histoire de me sortir la tête de l’eau

Matière de doute c’est sûr que Modi, lui, y fait référence

Plus maudit que lui tu meurs, d’ailleurs ils se sont pas privé d’lui dire, les braves gens

Pas étonnant que l’Art N’aigre t’ait inspiré la forme de ton émotion

Le rouge dans ton verre, à La Ruche tu t’en ais piqué le pif jusqu’au Dôme

A la tienne, que j’rêve tout ô

Tout seul

Dans le trou de chiottes de l’avis unanime

Ya des Cours où la lâcheté trône

Y’en a une monumentale que tu as habité plus que quiconque

C’est celle qui partant de ta fenêtre, atterrit sur le pavé de la cour

Jeanne Hébuterne

Avec ton enfant dans l’ventre

Salut Montparno, toi qui me mandoline

en corps des années après

Cimetière des arbres éternels, source vive où le frisson est toujours

Village Bleu

où dans l’égarement des valeurs je r’trouve toute la gamme des bonnes notes

Aujourd’hui j’ai laissé la parole à

Pierre Reverdy

il a tous les mots de ma pensée.

A présent passée

De Paname à Charente

Cabane maritime

Alain Niala

19 Mars 2017

P1050266

Les Villages Bleus – 2017 – Niala – Acrylique s/contrecollé, encadré s/verre 65×50

UN ALLER SIMPLE SANS RETOUR POUR LA POESIE

UN ALLER SIMPLE SANS RETOUR

POUR LA POESIE



Le branle tête au pré de tes seins alpages

sans rien qui dérange le trait durci du tétin

m’écrit avec sa craie sanguine

l’histoire de l’aisselle qui repousse pas le palais dans l’impasse

La voie royale du quotidien

Ils disent je t’aime avec tant de haine que ma voix tremble rien qu’à vouloir panser ces trois mots

pourtant c’est pas que dire « je t »aime »

que je murmure en un m’aime cri

à se ronger les ongles à l’indifférence

garant ses grosses bagnoles sur le trottoir avec l’idée de se regagner

la place du SDF cette insulte aux chromes.

Je t’ai dit le tant des fleurs aux carreaux de mes tabliers

quand buissonnant les trains qui se croisent à côté des robinets secs

j’hâlais aux lés aux lés remorquer les chalands au long de la Seine

A quoi ça m’a servi

à qui ça n’a pas profité ?

Puisque le combat d’un idéal

c’est pas d’être élu mais de voter je t’en ai rien caché de tout ça

te mettant à poil la condition humaine

ses hauts-fourneaux colonne vent dôme, terrils de lapin,

filatures pieds et nique-les air tétées front populaire

pose-toi là Petite-Môme

j’ai ma bouée

tu m’fais l’oeil tout humide tant le soleil gîte dans tes fenêtres

au point d’être retourné de sentiments

oh non

pas à cause de tes revenus ni de ton joli minois,

j’aime rien des grosses

non rien qu’à cause de toutes tes gourances du croyant bien faire

que t’as accumulée sans lésiner

Faut dire que les instruits par coeur

c’est les pires

ils possèdent que de l’acquis incompris

J’ai rien à t’offrir

sauf un épouvantail qui fait pas peur aux oiseaux

Je tremble de plus d’peurs que de certitudes

aimer ça se situe au poil prêt entre scoumoune et mauvais saure

que mon battant gamberge

à c’que mon odeur à te rapprochera où t’étendra sur place

ou mieux tiens j’ose, te mettra en marche ?

Ah tu voudrais qu’on conjure le mauvais sort

j’t’entends de loin

tu dis pas t’hurle

que l’amer c’est pas là-dessus qu’on va naviguer

pique tu as pris un ticket pour l’ailleurs de ce monde en ruines

un aller simple sans retour pour la Poésie

Niala-Loisobleu

10 Septembre 2014

Le Second Passage ((Série Entre Mais et si On…)

2014

Niala

Acrylique s/toile 65×54