LA ST-JEAN VENUE
À nos robes de fumée,
À la suie de nos visages
Et de nos corps jumelés,
Nous nous sommes reconnus
Indissociables de nos rêves de cendres
Que l’on recomposait de nos mains
Cueillant l’orpin acidulé.
Ô l’exode joyeux à la joue de la verveine,
Du millepertuis et de la citronnelle
Humectés de rosée à faire reculer
Les mauvais présages dans l’arène
Folle d’un monde consumé.
Nous reprenions des chansons païennes
Et c’était la chair d’avant le sang,
Le sel sur les paupières, le pouls à la veine
Et sur le berceau du ventre maternel
Se posaient rouges les lèvres du silence
Qui lapaient la lumière rare de l’été.
Sautant par-dessus les braises incandescentes
Comme des ciseaux de lumière au couteau de la toile,
Nous dessinions à la bouche et au bûcher,
Des bras faits pour l’amour
Comme des béquilles sur le poids tremblant des jours,
Et nous nous endormions dans le solstice de nos rires
Et sous les étoiles.
Barbara Auzou
La St-Jean, venue – 2018 – Niala – Acryliques/toile 100×100