NOUS

NOUS

J’ai changé d’appui et de chemin

pour une hirondelle pressentie multiple

qui mesurait le jour sur un autre bord

cherchant le flux égal à ce qui fuit

débarrassée enfin du tablier d’usage.

Et je suis remonté nu dans l’image.

Je me souviens de tout et ma main

dessine la courbe lente de mon fleuve d’or.

Du paradoxe de connaître la rondeur infinie

qui creuse pourtant l’inconnu encore.

J’ai allumé la lampe sur le sein de l’heure fébrile

brisé la faïence rompu le pain façonné l’argile

de nos existences qui prenaient les contours très fins de l’éternité

suspendues à des globes lourds et graciles.

Il dort derrière la barrière protectrice de nos cils

des années de soleils tendus vers des jardins transfigurés

qui se balancent dans la lumière de leurs tiges mêlées.

Barbara Auzou

P1050759

NOUS

2018 – NIALA

Acrylique s/toile 81×65

Collection de l’Artiste

6 réflexions sur “NOUS

  1. Tout un jour les humbles voix
    d’invisibles oiseaux
    l’heure frappée dans l’herbe sur une feuille d’or

    Le ciel à mesure plus grand.

    Philippe Jaccottet.

    Une journée particulière
    de je nous tremblants et fiers…
    Un bon jour mon Alain…

    • NOUS AVONS

      Notre parole, en archipel, vous offre, après la douleur et le désastre, des fraises qu’elle rapporte des landes de la mort, ainsi que ses doigts chauds de les avoir
      cherchées.

      Tyrannies sans delta. que midi jamais n’illumine, pour vous nous sommes le jour vieilli; mais vous ignorez que nous sommes aussi l’œil vorace, bien que voilé, de l’origine.

      Faire un poème, c’est prendre possession d’un au-delà nuptial qui se trouve bien dans cette vie, très rattaché à elle, et cependant à proximité des urnes de
      la mort.

      Il faut s’établir à l’extérieur de soi, au bord des larmes et dans l’orbite des famines, si nous voulons que quelque chose hors du commun se produise, qui n’était que pour
      nous.

      Si l’angoisse qui nous évide abandonnait sa grotte glacée, si l’amante dans notre cœur arrêtait la pluie de fourmis, le Chant reprendrait.

      Dans le chaos d’une avalanche, deux pierres s’épou-sant au bond purent s’aimer nues dans l’espace. L’eau de neige qui les engloutit s’étonna de leur mousse ardente.

      L’homme fut sûrement le vœu le plus fou des ténèbres; c’est pourquoi nous sommes ténébreux, envieux et fous sous le puissant soleil.

      Une terre qui était belle a commencé son agonie, sous le regard de ses sœurs voltigeantes, en présence de ses fils insensés.

      *

      Nous avons en nous d’immenses étendues que nous n’arriverons jamais à talonner; mais elles sont utiles à l’âpreté de nos climats, propices à notre éveil comme
      à nos perditions.

      Comment rejeter dans les ténèbres notre cœur antérieur et son droit de retour?

      La poésie est ce fruit que nous serrons, mûri, avec liesse, dans notre main au même moment qu’il nous apparaît, d’avenir incertain, sur la tige givrée, dans le calice
      de la fleur.

      Poésie, unique montée des hommes, que le soleil des morts ne peut assombrir dans l’infini parfait et burlesque.

      Un mystère plus fort que leur malédiction innocentant leur cœur, ils plantèrent un arbre dans le Temps, s’endormirent au pied, et le Temps se fit aimant.

      René Char

      Exceptionnel BON JOUR , ma Barbara, qu’il NOUS allume l’à venir de son voeu le plus cher,
      Je t’embrasse ma Barbara.

Répondre à loisobleuAnnuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.