LA VIE, L’AMOUR 5 / JOIE

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LA VIE, L’AMOUR 5 / JOIE

Comme tendrement rit la terre quand la neige s’éveille sur elle!
Jour sur jour, gisante embrassée, elle pleure et rit.
Le feu qui la fuyait l’épouse, à peine a disparu la neige.

S’il te faut repartir, prends appui contre une maison sèche.
N’aie point souci de l’arbre grâce auquel, de très loin, tu la reconnaîtras.
Ses propres fruits le désaltéreront.

Levé avant son sens, un mot nous éveille, nous prodigue la clarté du jour, un mot qui n’a pas rivé.

Espace couleur de pomme.
Espace, brûlant compo-

tier.

Aujourd’hui est un
Jouve.
Demain verra son bond.

Mets-toi à la place des dieux et regarde-toi.
Une seule fois en naissant échangé, corps sarclé où l’usure échoue, tu es plus invisible qu’eux.
Et tu te répètes moins.

La terre a des mains, la lune n’en a pas.
La terre est meurtrière, la lune désolée.

La liberté c’est ensuite le vide, un vide à désespérément recenser.
Après, chers emmurés éminentis-simes, c’est la forte odeur de votre dénouement.
Comment vous surprendrait-elle?

Faut-il l’aimer ce nu altérant, lustre d’une vérité au coeur sec, au sang convulsif!

Avenir déjà raturé!
Monde plaintif!

Quand le masque de l’homme s’applique au visage de terre, elle a les yeux crevés.

Sommes-nous hors de nos gonds pour toujours?
Repeints d’une beauté sauve?

J’aurais pu prendre la nature comme partenaire et danser avec elle à tous les bals.
Je l’aimais.
Mais deux ne s’épousent pas aux vendanges.

Mon amour préférait le fruit à son fantôme.
J’unissais l’un à l’autre, insoumis et courbé.

Trois cent soixante-cinq nuits sans les jours, bien massives, c’est ce que je souhaite aux kaîsseurs de la nuit.

Ils vont nous faire souffrir, mais nous les ferons souffrir.
Il faudrait dire à l’or qui roule : «
Venge-toi. »
Au temps qui désunit : «
Serai-je avec qui j’aime?
O, ne pas qu’entrevoir! »

Sont venus des tranche-montagnes qui n’ont que ce que leurs yeux saisissent pour eux.
Individus prompts à terroriser.

N’émonde pas la flamme, n’écourte pas la braise en son printemps.
Les migrations, par les nuits froides, ne s’arrêteraient pas à ta vue.

Nous éprouvons les insomnies du
Niagara et cherchons des terres émues, des terres propres à émouvoir une nature à nouveau enragée.

Le peintre de
Lascaux,
Giotto,
Van
Eyck,
Uccello,
Fouquet,
Mantegna,
Cranach,
Carpaccio,
Georges de
La
Tour,
Poussin,
Rembrandt, laines de mon nid rocheux.

Nos orages nous sont essentiels.
Dans l’ordre des douleurs la société n’est pas fatalement fautive, malgré ses étroites places, ses murs, leur écroulement et leur restauration alternés.

On ne peut se mesurer avec l’image qu’autrui se fait de nous, l’analogie bientôt se perdrait.

Nous passerons de la mort imaginée aux roseaux de la mort vécue nûment.
La vie, par abrasion, se distrait à travers nous.

La mort ne se trouve ni en deçà, ni au-delà.
Elle est à côté, industrieuse, infime.

Je suis né et j’ai grandi parmi des contraires tangibles à tout moment, malgré leurs exactions spacieuses et les coups qu’ils se portaient.
Je courus les gares.

Cœur luisant n’éclaire pas que sa propre nuit.
Il redresse le peu agile épi.

Il en est qui laissent des poisons, d’autres des remèdes.
Difficiles à déchiffrer.
Il faut goûter.

Le oui, le non immédiats, c’est salubre en dépit des corrections qui vont suivre.

Au séjour supérieur, nul invité, nul partage : l’urne fondamentale.
L’éclair trace le présent, en balafre le jardin, poursuit, sans assaillir, son extension, ne cessera de paraître comme d’avoir été.

Les favorisés de l’instant n’ont pas vécu comme nous avons osé vivre, sans crainte du voilement de notre imagi’ nation, par tendresse d’imagination.

Nous ne sommes tués que par la vie.
La mort est l’hôte.
Elle délivre la maison de son enclos et la pousse à l’orée du bois.

Soleil jouvenceau, je te vois ; mais là où tu n’es plus.

Qui croit renouvelable l’énigme, la devient.
Escaladant librement l’érosion béante, tantôt lumineux, tantôt obscur, savoir sans fonder sera sa loi.
Loi qu’il observera mais qui aura raison de lui; fondation dont il ne voudra pas mais qu’il mettra en œuvre.

On doit sans cesse en revenir à l’érosion.
La douleur contre la perfection.

René Char

 

 

Ce que je n’aurais eu la capacité de dire

je l’ai pensé si humblement

que laissant la parole à 

René Char

je viens de le peindre…

Niala-Loisobleu – 4 Février 2018

 

Illustrations: La Vie, l’Amour 5 – 2018 – Niala – Acrylique s/carton-bois 40×50, encadré s/verre

 

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10 réflexions sur “LA VIE, L’AMOUR 5 / JOIE

  1. superbe et encore merci pour ces vers-là…
    Sais-tu qu' »espace brûlant compotier » est le premier vers autour duquel j’ai tracé plein de figures concentriques au crayon de papier…J’avais dix ans, alors!

  2. Le tracé concentrique me figure en tête-à-tête une sorte de pâté de maison…je crois que tu ne penseras plus au fromage…ce côté corbeau n’est plus de mise à mon âge…un vieux rafiot qui cabote sans courbettes, cétacé qu’il en reste pour le voyage de la Terre à la Lune…
    Est-il utile de te préciser qu’ayant un snob justifié pour le hasard, le fait que ce René-là fut au départ de ta merveilleuse écriture me procure cette émotion touchant celle dont tu témoignes à fleur-de-peau. La couleur coule de mes doigts, le ciel est sale, sortons du monde, Barbara.

  3. Je ne t’ai jamais dit à quel point j’aimais tes tableaux non plus…C’est chose faîte…Quand j’ai parcouru ton blog pour la première fois, c’était l’été dernier alors(!), je les ai re-connus comme m’étant terriblement familiers.
    bon dimanche, Alain

    • La pièce dans ce qu’elle contient, d’espace-délimitation, d’intersections-portes, semble être identique, c’est vrai qu’un fauteuil, une table ne sont pas à proprement parler des mobiles-nomades. Le présent, sans changement se fait apparent. C’est faux, un changement est en place. Il ne s’empare de rien. C’est moi qui lui ouvre. Visiblement et inconsciemment.. Ce que tu viens de m’apprendre attrape nouvellement le désir de peindre. Ceci passe dans la recherche d’un élément constitutif à l’autre. Peindre pas pour dire en premier. Pour remplir les espaces de cette place qui se trouve au bon endroit. Donc qui doit s’identifier. Un bon Dimanche m’as-tu souhaité ? Sûr…

  4. Touché…quelques notes sorties des marges ont pris la liberté de correction…je suis pour la fessée, les grandes claques dans la gueule de la scoumoune et que des caresses plus folles les unes que les autres pour la terminaison en oune, J’avais les doigts si gourds….Celui-là tu t’y reconnaîtras…plus familier en corps que dans l’apparition première..
    L’étroit élargi, ce Dimanche peut pleuvoir, rien n’y changera, le meilleur demeure le meilleur Barbara.

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